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Page:Gautier - Une larme du diable.djvu/93

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Scène XVI.


L’AUTEUR.

Je vous avouerai que voici déjà bien longtemps que je fais parler les autres et que je serais fort aise de trouver jour à placer convenablement mon petit mot. Cette comédie est universelle : elle embrasse le ciel et la terre ; chaque partie de la création y joue son rôle, depuis l’étoile jusqu’à la pierre, depuis l’ange jusqu’au lapin. La cloche y a une langue, les bêtes y parlent comme des personnes et les personnes comme des bêtes ; il n’y a que moi qui n’ai rien dit. Je ne vois pas pourquoi ; car, si humble que je sois, je pense que je puis me mêler à la conversation, ô cher lecteur ! et que tu n’auras aucune répugnance à échanger une idée ou deux avec un honnête garçon. Je te confierai donc que je suis fort embarrassé pour le moment, et que je suis