Page:Gautier - Une nuit de Cléopatre.djvu/38

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l’air de satisfaction d’une femme sûre d’être parfaitement belle et parfaitement parée ; elle se retournait et s’agitait sur son petit lit, et ses mouvements assez brusques dérangeaient à chaque instant les plis de son conopeum de gaze que Charmion rajustait avec une patience inépuisable, sans cesser de balancer son éventail.

« L’on étouffe dans cette chambre, dit Cléopâtre ; quand même Phtha, dieu du feu, aurait établi ses forges ici, il ne ferait pas plus chaud ; l’air est comme une fournaise. » Et elle passa sur ses lèvres le bout de sa petite langue, puis étendit la main comme un malade qui cherche une coupe absente.

Charmion, toujours attentive, frappa des mains ; un esclave noir, vêtu d’un tonnelet plissé comme la jupe des Albanais et d’une peau de panthère jetée sur l’épaule entra avec la rapidité d’une apparition, tenant en équilibre sur la main gauche un plateau chargé de tasses et de tranches de pastèques, et dans la droite un vase long muni d’un goulot comme une théière.