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PRÉFACE


I


Cléopâtre n’était pas très belle. Elle ne l’emportait ni en beauté ni en jeunesse sur cette chaste Octavie à qui elle prit Antoine pour la vie et la mort. « Sa beauté, dit Amyot, qui traduit Plutarque agréablement, sa beauté seule n’étoit point si incomparable qu’il n’y en eust pû bien avoir d’aussi belles comme elle, ni telle qu’elle ravît incontinent ceux qui la regardoient ; mais sa conversation, à la hanter, étoit si aimable qu’il étoit impossible d’en éviter la prise, et avec sa beauté la bonne grâce qu’elle avoit à deviser, la douceur et la gentillesse de son naturel, qui assaisonnoit tout ce qu’elle disoit ou faisoit, étoit un aiguillon