la présence de ces restes magnanimes. On ajoute que, dans un accès d’enthousiasme guerrier, l’honorable général mit coucher près de lui les ossements du héros, pour se hausser le courage à ce glorieux contact, précaution dont il n’avait aucunement besoin. Ce projet ne s’exécuta pas, et le Cid retourna près de dona Chimène, à San-Pedro de Cardena, où il est resté définitivement ; mais une de ses dents, qui s’était détachée, et que l’on avait serrée dans un tiroir, a disparu sans que l’on ait pu savoir ce qu’elle était devenue. Il n’a manqué à la gloire du Cid que d’être canonisé ; il l’aurait été si, avant de mourir, il n’avait pas eu l’idée arabo-hérétique et malsonnante de vouloir qu’on enterrât avec lui son fameux cheval Babieca : ce qui fit douter de son orthodoxie. À propos du Cid, faisons observer à M. Casimir Delavigne que l’épée du héros s’appelle Tisona et non pas Tizonade, qui fait une rime trop riche à limonade. Tout ceci soit dit sans porter la moindre atteinte à la gloire du Cid, qui, outre son mérite de héros, a eu celui d’inspirer si bien les poètes inconnus du Romancero, Guilhen de Castro, Diamante et Pierre Corneille.
VI
El correo real ; les galères. ― Valladolid. ― San-Pablo. ― Une représentation d’Hernani. ― Sainte-Marie-des-Neiges. ― Madrid.
El correo real dans lequel nous quittâmes Burgos mérite une description particulière. Figurez-vous une voiture antédiluvienne, dont le modèle aboli ne peut se retrouver que dans l’Espagne fossile ; des roues énormes, évasées, à rayons très minces, et placées très en arrière de la caisse, peinte en rouge au temps d’Isabelle la Catholique ; un