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dans sa maison pour méditer la Bible, offrir son ennui à Dieu, et jouir devant un grand feu de charbon de terre du bonheur d’être chez lui et de n’être ni Français ni papiste, source de voluptés inépuisables. À minuit, le charme est rompu ; la circulation, figée un instant, reprend son niveau, les maisons se rouvrent, la vie revient à ce grand corps tombé en léthargie, le Lazare dominical ressuscite à la voix de cuivre du lundi et se remet en marche.

Le lendemain, d’assez bonne heure, je me lançai à travers la ville, tout seul, comme c’est ma coutume en pays étranger, ne haïssant rien comme d’avoir un guide qui me fait voir tout ce dont je ne me soucie pas et me fait passer à côté de ce qui m’intéresse. — Nous professons tous les deux, mon cher Fritz, les mêmes théories sur les voyages ; nous évitons les monuments avec soin, et en général tout ce qu’on appelle les beautés d’une ville. Les monuments sont ordinairement composés de colonnes, de frontons, d’attiques et autres architectures que les gravures et les dessins représentent avec