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Page:Gautier - Zigzags.djvu/192

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arrivé, je vis à l’Opéra-Italien de charmantes physionomies féminines, encadrées admirablement dans le damas rouge des loges. Les keepsakes sont plus fidèles qu’on ne pense, et représentent très-bien la grâce maniérée, les formes élégantes et frêles des femmes de l’aristocratie. Ce sont bien là les yeux aux longs cils, aux regards noyés, les spirales de cheveux blonds faiblement contournées, et venant caresser de blanches épaules et de blanches poitrines généreusement livrées aux regards, mode qui nous paraît contraster un peu avec la pruderie anglaise. Quant aux toilettes, elles ont un caractère d’excentricité frappant. Les couleurs voyantes sont adoptées de préférence. Dans la même loge rayonnaient comme un spectre solaire trois dames habillées l’une en jonquille, l’autre en écarlate, et la dernière en bleu de ciel. Les coiffures ne sont pas d’un goût très-heureux. On sait tout ce que les Anglaises se mettent sur la tête : franges d’or, buissons de corail, branches d’arbres, coquillages, bancs d’huîtres, leur fantaisie ne recule devant rien,