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à concevoir quelques doutes sur ce qu’on appelle les chefs-d’œuvre des maîtres. — Je nie les originaux, et j’ai un ami qui prétend qu’il n’y a pas de copies non plus, et que tout cela n’est que pure illusion, affaire de fumée et de vernis.

Je sais bien une chose : — si j’étais millionnaire, jamais un tableau ancien n’entrerait chez moi. Je prendrais en pension Ingres, Delacroix, Decamps, Chassériau, Scheffer, Roqueplan, Cabat, et je leur ferais peindre devant mes yeux et sur mes murs toutes sortes de chefs-d’œuvre d’une certitude incontestable, qui ne me coûteraient presque rien, et occuperaient d’admirables artistes, au lieu d’enrichir des juifs escrocs et faussaires.

Puisque nous parlons de tableaux, et que nous passons précisément sur la place de Trafalgar, entrons un instant dans la galerie nationale.

Trafalgar-Square est d’un effet charmant au clair de lune. L’église Saint-Martin, avec son clocher gothique accroupi sur un fronton grec, et sa massive balustrade en fer fondu ; le palais