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Page:Gautier - Zigzags.djvu/286

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que que l’on ne peut rendre avec des paroles et qu’on peut à peine imaginer. Canaletti et Bonnington, Daguerre et son Diorama, tout admirables qu’ils sont, restent encore bien au-dessous de la réalité.

Qu’y a-t-il de plus beau au monde que l’aspect de la piazza di S. Marco, en venant du côté de la mer ? À gauche, le Palazzo Ducale avec sa façade de marbre rouge et blanc disposés en petits carreaux, sa ceinture de colonnettes, ses trèfles et ses ogives, ses gros piliers trapus dont le fût plonge dans le sol, sa frise crénelée, ses huit portes, son toit de cuivre, ses figures symboliques de Bartolommeo Bono, ses lions ailés, la griffe sur leur livre, son pont des Soupirs, son luxe lourd et sombre, qui le fait à la fois ressembler à une forteresse et à une prison.

À droite, la bibliothèque publique du dessin de Sansovino, avec son double cordon de colonnes et d’arcades, sa balustrade à jour, sa ligne de statues mythologiques, ses enfants nus, soutenant au-dessus de la corniche des feuillages et des festons.