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teaux au grand réjouissement de la multitude.

Les trois grands étendards, supportés par des piédestaux de bronze d’un travail exquis, d’Alessandro Leopardi, auxquels, les jours de fête, on append trois flammes de soie et d’or qui se déroulent gracieusement, à la brise de la mer.

Le Campanile, tour d’une élévation prodigieuse, à qui tous les clochers de Venise ne vont qu’à la cheville ; elle est plus haute que la tour de Bologne et d’Argentine. L’ange de cuivre creux qui lui sert de girouette a quatorze pieds de haut. On y monte par une rampe douce et sans escaliers. Un immense panorama se déploie à vos yeux : un ciel clair et profond vous environne, l’horizon s’étend sans fin devant vos pieds ; des côtes plates et des vases d’une teinte cendrée, la mer bleue et transparente forment les bords du cercle ; des toits de toutes les couleurs, de toutes les formes, chatoyent au soleil dans le fond du gouffre. Le Palazzo Ducale, la Zuecca, les Procuratorie, la Chiesa di S. Marco se détachent de ces îlots de