Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/419

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moins dans les théories, les fêtes publiques et les promenades. Elle ne se livrait pas à la ruine des satrapes avec le même acharnement, et les dariques de Pharnabaze, d’Artaban et de Tissaphernes s’étonnaient de rester dans les coffres de leurs maîtres. Plangon ne sortait plus que pour aller au bain, en litière fermée, soigneusement voilée, comme une honnête femme ; Plangon n’allait plus souper chez les jeunes débauchés et chanter des hymnes à Bacchus, le père de Joie, en s’accompagnant sur la lyre. Elle avait récemment refusé une invitation d’Alcibiade. L’alarme se répandait parmi les merveilleux d’Athènes. Quoi ! Plangon, la belle Plangon, notre amour, notre idole, la reine de nos orgies ; Plangon qui danse si bien au son des crotales, et qui tord ses flancs lascifs avec tant de grâce et de volupté sous le feu des lampes de fête ; Plangon, au sourire étincelant, à la repartie brusque et mordante ; l’œil, la fleur, la perle des bonnes filles ; Plangon de Milet, Plangon se range, n’a plus que trois amants à la fois, reste chez elle et devient vertueuse comme une femme laide ! Par Hercule ! c’est étrange, et voilà qui déroute toutes les conjectures ! Qui donnera le ton ? qui décidera de la mode ? Dieux immortels ! qui pourra jamais remplacer Plangon la jeune, Plangon la folle, Plangon la charmante ?

Les beaux seigneurs d’Athènes se disaient cela en se promenant le long des Propylées, ou ac-