Page:Gauvreau - Au bord du Saint-Laurent, 1923.djvu/12

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part de leurs adeptes à l’irréligion, aux entreprises folles, au désespoir, au déshonneur et quelque fois, malheureusement, au bagne. »

Combien plus aimables sont les productions saines et fortes dégageant de leur ensemble un parfum de devoir accompli, de récompenses bien méritées, de consciences calmes et heureuses comme après une bonne action faite sans ostentation. Et quel pays plus fertile que le nôtre pour la production de tant d’œuvres saines et viriles, où l’on retrouve tout ce qui peut plaire aux cœurs, et enthousiasmer les âmes. Le passé avec ses héroïsmes, le passé avec ses légendes qui s’en vont, le passé avec ses douces histoires qui menacent de s’oublier, est là qui nous invite et nous tend la main. Il me semble, attiré par leur charme séduisant, entendre une voix d’aieule nous les conter, lorsque le soir tombe et que sur la grande route, au bord du fleuve, les passants ont disparu, entré sous un toit hospitalier, et que l’on entend, comme apaisée la voix des flots qui bruissent sur le rivage dans nos paroisses françaises d’en bas de Québec.

J’ai encore dans l’oreille le son de la voix aimée de grand’-mère, redisant pour la centième fois les choses merveilleuses de l’Histoire du Rév. Père de la Brosse, la vie et la mort de l’hermite de l’île Saint-Barnabé, vis-à-vis de Rimouski ; l’horreur du massacre des sauvages dans un ilot du Bic ; le merveilleux avertissement chez le seigneur Rioux des Trois-Pistoles ; la mort du Père Ambroise Rouillard, et le miraculeux scapulaire de la morte de Saint-Epiphane, dans le comté que j’ai l’honneur de représenter au Parlement Fédéral.

Et c’est sous l’empire de ces douces émotions que l’âge n’a pas diminuées, que je vais à mon tour, essayer de faire passer sous vos yeux les scènes diverses, quelques-uns des faits que l’histoire et la légende ont enregistrés et que l’on retrouve vivaces parmi toute la population au bord du fleuve, en bas de Québec, demandant à l’avance non pas votre attention, mais votre bienveillance pour me pardonner le décousu, la longueur, le peu de mérite littéraire, même, de ces histoires du bon vieux temps, ne vous rappelant qu’une chose : mon désir de vous intéresser aux choses de « Chez nous » !