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horrible ses cheveux ont grisonné aux tempes. Écartant les rideaux en mousseline du berceau : Dors mon enfant, dit elle ; dors en paix, ton père va venir. Oh ! ne pleure donc pas ; si tu savais comme ces cris me serrent le cœur. Dors donc en paix. Je suis là, moi ta mère.

Elle pleure toujours ! mon Dieu, et elle se cache la figure. Pauvre mère ! On aurait dit que les sanglots de son enfant exposée sur la mer résonnaient aux oreilles de son cœur. Elle se mit à balancer le berceau vide, ce nid désert dont un vautour maudit a ravi le trésor. Allons ! elle repose, cette chère enfant. Elle regarde d’un air hébété le pasteur ; elle le fixe des pieds à la tête. Ce n’est pas George ? Oh ! non, il serait dans mes bras.

— Non, ma fille, je ne suis pas George, je suis votre pasteur qui vient vous consoler.

— Tu viens enlever mon Armande. À moi ! à moi ! s’écrie la malheureuse mère, et elle se jette sur les langes du berceau désert ; elle presse sur son cœur les vestiges de ce qui n’est plus. Elle croit avoir son enfant, son Armande entre les bras.

Mes enfants, sortez, dit le curé. Il y a eu un crime de commis ici cette nuit. Laissez à la Justice le soin de cette affaire. Gardez vous de blesser la charité chrétienne par des soupçons non fondés. Dieu qui punit les coupables et récompense les bons, saura bien déchiffrer cette affaire. Cette pauvre mère a été victime d’un rapt aussi lâche que sans cœur !

La douleur d’Alexandrine, de cette pauvre mère