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toucher une corde sensible : les malheurs de la patrie.

Le cœur si fier du Canadien ne pouvait parler des malheurs d’alors, sans ressentir une poignante émotion. Papineau, d’illustre et de triste mémoire avait parcouru les campagnes, tonnant contre le despotisme des Anglais et faisant vibrer dans tous les cœurs une corde sensible du patriotisme. Nos Canadiens, privés de leurs droits, régis par la minorité aveugle et arbitraire, se soulevèrent comme autrefois les Vendéens de LaRochejaquelin. On connaît le résultat de la lutte : du sang et des martyrs de notre côté, des brigandages et de lâches actions du côté des Anglais ; il y eut des emprisonnements et des déportés aux Bermudes, du bord des Canadiens, comme il y eut des fronts stigmatisés et des conduites blâmées de la part de nos ennemis.

On venait donc d’apprendre, chez George Dubois, comme dans tout le village, que les Canadiens avaient été défaits à St-Charles et à St-Eustache, et que la plus grande terreur régnait dans les campagnes, aux alentours de Montréal. On disait que bon nombre des nôtres étaient restés sur le champ de bataille. Cette nouvelle était bien de nature à abattre la joie, car quand on aime une cause, on chérit ses défenseurs, et s’ils tombent victimes de leur dévouement, les larmes coulent, les regrets se manifestent.

On parla longtemps à la veillée de cet événement terrible : on en parlait encore quand le pasteur entra