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retire, et Marc-Antoine, pensant qu’il est chez lui, désire rester ; il a peur que la belle Juana ne s’envole pendant son absence. Seulement il promet d’écouter le moins qu’il pourra, avec l’intention farouche de tout entendre. Le vieillard s’approche du lit, et voici au juste ce que recueille Riponneau ;

« Vous avez écrit à ma fille une lettre pour lui dire que M. de Belmont, son futur, la trompait ; qu’il vous aimait ; qu’il vous avait promis de vous épouser. »

La voix s’éteignit dans un murmure où les paroles échappèrent à Riponneau. Un moment après, la voix reprit :

« Vous avez failli tuer ma fille : elle est au lit, mourante, désolée et ne veut plus entendre parler de ce mariage.

— C’est ma vengeance, monsieur, dit Juana.

— Mais cette vengeance frappe des gens qui ne vous ont fait aucun mal, n’est-ce pas ? Je veux ce mariage, j’en ai besoin, mais ma fille n’y consentira qu’autant que la même main qui lui a écrit cette lettre infâme lui en écrira une nouvelle, en lui déclarant que c’est une invention par laquelle on a voulu nuire à M. de Belmont…

— Jamais ! » s’écria Juana d’une voix résolue.

Le vieillard marmotta.

« Jamais ! » fait Juana d’une voix plus douce…