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Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 1.djvu/36

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doit-il nécessairement commencer par cet insupportable mot ? Que diable, mon cher, variez votre formule, ou taisez-vous !

— Je savais encore quelque chose de la mythologie grecque ou romaine, dit le pauvre savant intimidé. Nous avons de gros et de petits livres qui nous ont conservé la mémoire et l’image de tous ses symboles, dont on aurait grand tort de médire, car ils sont charmants et clairs, quoique poétiques. Je suis fâché, sire, de ne pas vous avoir apporté quelques-uns de ceux qui figuraient dans ma bibliothèque. Le dernier paru, un bijou littéraire, auquel il ne manque que des images, le Dictionnaire de la Mythologie de M. Ordinaire, un savant spirituel, ce qui, dit-on, est rare, vous aurait certes intéressé. Je connaissais donc de nom Pluton et Proserpine ; à vrai dire, je ne m’attendais pas précisément à les retrouver ici, mais je ne me serais pas plaint de les y rencontrer.

« Des cinq fleuves de l’enfer païen, le Styx, le Cocyte, l’Achéron, le Phlégéthon et le Léthé, j’aurais regretté le dernier, s’il est vrai toutefois qu’un verre de son eau m’eût pu débarrasser de tout ce dont j’ai si inutilement chargé ma mémoire. Je n’aurais pas été fâché de ne trouver ici Éaque, Minos et Rhadamanthe qu’en peinture ; ils me paraissent tout à fait propres à décorer les murs. Pour Clotho, Lachésis et Atropos, j’aurais été très-aise de voir d’un peu près de quelle substance se compose le fil de vie de la quenouille chargée d’hommes de celle-ci, et de quel métal est faite la paire de ciseaux de celle-là.

« La barque à Caron m’a toujours paru un moyen de transport