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Flammèche, et qui peut en effet cacher dans quelques-unes de ses profondeurs de quoi justifier la terrible invective du poëte, mais il faut avouer que l’aspect en est grand et beau, et que les chaudrons de l’enfer ne seraient que de viles marmites à côté. L’œuvre qui apparaît ainsi révèle tout au moins de fins et forts ouvriers. »

Et faisant un retour sur lui-même :

« Je penserai, s’ils l’exigent, de messieurs les hommes, tout le mal qu’ils se plaisent à dire d’eux-mêmes, c’est leur affaire. Mais pour ce qui est de leurs femmes, j’attendrai des preuves qui me soient personnelles. Si ces créatures sont ce qu’on appelle des démons sur la terre, quelle idée s’y fait-on de la diablerie ? »

Réconforté par ces réflexions, le chevaleresque envoyé de Satan s’assit plein de confiance devant son fameux tiroir, et, sur son ordre, Baptiste, en ayant fait jouer le secret, le vida tout entier sur sa table de travail.

L’opération avait été faite un peu vivement. Baptiste eut fort à faire de relever ceux des manuscrits qui s’étaient, en assez bon nombre, éparpillés sur le parquet. Tout en les ramassant, l’honnête Baptiste ne se faisait pas faute de jeter un coup d’œil sur les titres de chacun d’eux. Un sourire discret et timidement narquois disait assez le cas que cette ame primitive faisait de tout ce papier noirci. « Il faut convenir que les auteurs ont de drôles d’idées, disait ce sourire, je vous demande un peu si tout cela les regarde, et de quoi ils se mêlent ! »

Un rire à peine étouffé s’échappa cependant des lèvres du silencieux valet de chambre, à la vue de la suscription d’un petit cahier qui avait glissé jusqu’au milieu de la chambre.

« Qu’est-ce que c’est, maître Baptiste ? dit Flammèche ; il me paraît que vous êtes gai.