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grands hommes, les ressources de toute espèce pour l’esprit se réunissent à l’envi. — Mme Roland.

* Paris n’est pas, ainsi que les autres, une ville qui appartienne en propre à ses habitants ; Paris est plutôt la patrie commune, la mère-patrie de tous les Français. — Camille Desmoulins.

* La France est dans Paris. — Danton.

* Dans les batailles, dans les plus grands périls, sur les mers, au milieu même des déserts, j’ai eu toujours en vue l’opinion de cette grande capitale de l’Europe. — Napoléon. (16 décembre 1804.)

* Il n’y a pas d’art humain pour gouverner Paris, car c’est le Diable qui le mène. — Joseph de Maistre.

* Paris s’occupe davantage d’une comédie nouvelle que de dix batailles gagnées ou perdues. — Savary, duc de Rovigo. (1810.)

* Paris est le lieu du monde où l’on peut le mieux se passer de bonheur. C’est sous ce rapport qu’il convient si bien à la pauvre espèce humaine. — Mme de Staël.

* Mme de Staël demeurait rue de Grenelle Saint-Germain, près de la rue du Bac, lorsqu’elle fut exilée (à la fin de 1803). Forcée de quitter Paris, elle se dirigea aussitôt vers l’Allemagne. La mort de son père la ramena subitement à Coppet… En 1805, s’occupant d’écrire son roman-poëme (Corinne), Mme de Staël ne put demeurer plus longtemps à distance de ce centre unique de Paris où elle avait brillé, et en vue duquel elle aspirait à la gloire. C’est alors que se manifeste en elle cette inquiétude croissante, ce mal de la capitale, qui ôte sans doute un peu à la dignité de son exil, mais qui trahit du moins la sincérité passionnée de tous ses mouvements. Un ordre de police la rejetait à quarante lieues de Paris ; instinctivement, opiniâtrement, comme le noble coursier au piquet qui tend en tous sens son attache, comme la mouche abusée qui se brise sans cesse à tous les points de la vitre en bourdonnant, elle arrivait à cette fatale limite, à Auxerre, à Châlons, à Blois, Saumur. Sur cette circonférence qu’elle décrit et qu’elle essaye d’entamer, sa marche inégale devient une stratégie savante ; c’est comme une partie d’échecs qu’elle joue contre le gouvernement représenté par quelque préfet plus ou moins rigoriste. Quand elle peut s’établir à