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faut bien encore, mais tout cela aussi peu que possible. L’intérêt n’est pas là ; il est dans la rue, dans les musées, dans les salons, dans les théâtres, dans les cercles, dans cette immense vie extérieure qui sous toutes les formes s’agite jour et nuit à Paris, vous attire, vous excite, vous prend votre temps, votre esprit, votre âme, et dévore tout. C’est le meilleur lieu du monde pour y passer, et le pire pour y vivre. — Octave Feuillet.

* Il y a quelques jours, j’accompagnais aux buttes Chaumont un homme d’État illustre, dont j’ai l’honneur d’être l’ami, M. Gladstone. Devant ce grand spectacle de Paris étendu sous nos yeux, il fit cette observation tout anglaise : « Il n’y a pas assez de fumée. » Cela choquait ses idées d’homme pratique, de ne pas voir plus de fabriques, ses idées d’homme qui ne comprendrait pas Londres sans le bruit des machines et les panaches de fumée des usines. — Jules Simon.

* On compare Paris à Londres. Chaque ville a ses destinées, ses besoins, son caractère. Suivez les bords de la Tamise : vous voyez sur ses deux rives des magasins et des manufactures. Suivez les quais de la Seine : vous voyez que Paris est la ville des arts. Non, Paris ne doit pas être une ville manufacturière, Paris doit être le grand centre de consommation des produits manufacturés du reste du pays. Le pays produit, Paris consomme. — Mis d’Havrincourt.

* Chamfort disait : « J’ai connu une femme qui m’a gâté toutes les autres. » Paris est la ville qui gâte toutes les autres. À Londres, à Berlin, à Vienne, à Rome même, la ville aux parfums, on regrette Paris. Les odeurs de Paris n’ont empêché personne d’y revenir.

* Londres écrase. Paris dilate. Les poitrinaires de l’esprit y guérissent.

* Vous vous plaignez de Paris ? — Quittez-le. Vous y reviendrez, et bien content.

* Le vrai Parisien, hors de Paris, c’est le poisson hors de l’eau. Et n’en riez pas, c’est la gloire de Paris que, loin de lui, la vie soit impossible à quiconque l’a connu.

* Paris ne peut faire d’ingrats que parmi les sots ou les culs-de-jatte : ceux que l’esprit ou ceux que le mouvement gêne

* Les jours de révolution, c’est Paris qui a le mal et c’est la province qui fait les soupirs.

* Paris est si fort qu’après l’avoir pris, l’Europe coalisée n’a même pas pensé à le garder.