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oiseaux dans beaucoup de lieux, mais plus particulièrement des premiers dans la Chaussée-d’Antin, et des seconds dans le quartier Latin et le Marais.

Quel aspect devait alors présenter le bassin de Paris ! C’était l’Océanie (moins la reine Pomaré et les vendeurs de bibles britanniques), c’était l’Océanie avec ses archipels pittoresques, ses récifs verdoyants, ses îles semblables à des corbeilles de fleurs ; c’était son climat voluptueux, ses eaux limpides et profondes, son soleil éclatant, ses palmiers, ses lauriers, ses cocotiers. Les reptiles, les baleines, les phoques jouaient dans les sables sur lesquels s’élèvent nos Tuileries ; les tortues et les huîtres humaient le soleil sur les rivages où se prélassent aujourd’hui les fauteuils de l’Institut ; d’innocents et stupides quadrupèdes faisaient entendre leurs cris discordants dans les marécages où de nos jours le palais Bourbon retentit des mâles accents de nos Démosthènes. Solitudes charmantes, déserts délicieux, terres aimées du ciel, il vous manquait l’homme avec ses passions, ses joies, ses douleurs, ses infinis désirs de perfection ; il vous manquait surtout, dirait Milton, « le plus bel être de la création, le dernier et le meilleur des ouvrages de Dieu, créature sainte et divine, pleine de grâce, d’amour et de bonté »

VII

La révolution suivante mit à jour les terrains de Paris et de Londres, mais séparés, comme aujourd’hui, par des mers : l’alliance anglo-française cessa donc d’exister… jusqu’à nos jours. Cependant la mer revint encore plusieurs fois couvrir le sol de Paris, et y déposer des bancs de marne, des sables, des meulières qui se trouvent en amas sur toutes les hauteurs des environs, et que la nature avait tout exprès placées là pour en faire nos fortifications. Contemporain de ces terrains, se trouve, dans les carrières de Montmartre, un banc d’huitres qui ont tous les caractères des huîtres d’Ostende : ce banc est si épais, que tous les gourmands de la capitale ne pourraient l’épuiser en vingt années : hâtons-nous d’ajouter qu’il n’en reste que les coquilles.

Après les meulières viennent des masses de grès, tantôt coquillier, comme à Montmartre et à Montmorency, tantôt pur, comme à Fon-