Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 2.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Vous le disiez jeune, blond…, » dit à voix basse Mme Deschars. Mme Foullepointe, en femme spirituelle, regarde audacieusement la corniche.

Un mois après, Mme Foullepointe et Caroline deviennent intimes. Adolphe, très-occupé de Mme Fischtaminel, ne fait aucune attention à cette dangereuse amitié qui doit porter ses fruits ; car, sachez-le :

Axiome.

Les femmes ont corrompu plus de femmes que les hommes n’en ont aimé.

IX
le solo de corbillard.

Après un temps dont la durée dépend de la solidité des principes de Caroline, elle paraît languissante, et quand, en la voyant étendue sur les divans, comme un serpent au soleil, Adolphe, inquiet par décorum, lui dit :

« Qu’as-tu, ma bonne ? que veux-tu ?

— Je voudrais être morte !

— Un souhait assez agréable et d’une gaieté folle…

— Ce n’est pas la mort qui m’effraye, moi, c’est la souffrance…

— Cela signifie que je ne te rends pas la vie heureuse ! Et voilà bien les femmes ! »

Adolphe arpente le salon en déblatérant, mais il est arrêté net en voyant Caroline étanchant de son mouchoir brodé des larmes qui coulent assez artistement.

« Te sens-tu malade ?

— Je ne me sens pas bien, (silence.) Tout ce que je désire, ce serait de savoir si je puis vivre assez pour voir ma petite mariée, car je sais maintenant ce que signifie ce mot si peu compris des jeunes personnes : le choix d’un époux ! Va, cours à tes plaisirs, une femme qui