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OÙ VA UNE FEMME QUI SORT
énigme
par laurent-jan
I
de la franchise dans ses rapports avec la femme.

De toutes les dissimulations qui composent la sincérité de la Femme, les plus naïves sont les plus habiles. Cette vérité, vieille comme Ève, est inutile comme l’expérience. — Mais après tout, si les vérités servaient à quelque chose, rien ne les distinguerait plus des mensonges.

Quand, gracieusement blottie dans une causeuse, une jeune femme se laisse songeusement bercer par ses rêveries, et, tout en jouant du bout de ses mules mignonnes avec les bronzes de son foyer, cisèle une vengeance ou caresse un espoir, il n’est peut-être pas impossible à un observateur intelligent, et surtout hors d’âge, de suivre sur le joli front qu’il étudie l’ombre des caprices qui le traversent. — Toute eau calme laisse ainsi deviner les cailloux de son lit ; mais vienne une faible brise, et tout disparaît. De même, au plus léger mouvement de tête pour replacer une boucle de cheveux, au plus imperceptible froncement de sourcil, voilà le livre féminin qui se ferme avant que le lecteur ait pu nettement en déchiffrer un mot.

Il peut donc être admis, à la rigueur, que les femmes ne sont pas absolument impénétrables dans la méditation. Quelques savants un peu bourgeois et très-mariés vont même jusqu’à soutenir qu’il est possible de soupçonner parfois la vérité dans leurs paroles. Par respect pour les maris, et dût en sourire la plus candide jeune fille, acceptons encore cette prétention de la vanité masculine. — Mais après, ô profonds physiologistes ! que devinez-vous jamais dans le regard de vos propres femmes ; dans ce regard perlucide qui reste calme devant le mensonge comme celui de l’aigle devant le soleil ? Que découvre votre pénétration au milieu de toutes les angéliques perfidies du geste et de la démarche ? Que peut enfin toute votre science en face de ce machiavélisme mimé