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secrétaire intime de Satan, qui devait y être caché, » fut déclaré atteint de folie, et par suite enfermé à Charenton.

Des diables qui étaient venus avec lui, pas un n’eut le courage de partager son sort. — Tous, voyant que les affaires de leur chef allaient mal, s’étaient lâchement esquivés à la faveur du désordre que causa la défense de l’intrépide capitaine ; et comme ils se trouvèrent bientôt sans ressource sur le pavé de Paris, force leur fut de chercher à s’employer.

Les uns trouvèrent à se caser au Vaudeville, où ils essayèrent de faire pièce à Flammèche en lui prenant le titre de son livre ; les autres, sous divers noms, se répandirent dans les divers théâtres de Paris, qui furent en un clin d’œil inondés d’un déluge de chefs-d’œuvre où le diable avait nécessairement le beau rôle. — On en compta jusqu’à dix-sept, et nous donnerons ici le nom de quelques-uns, pour l’instruction de la postérité : les Sept Châteaux du diable ; — les Trois Péchés du diable ; — les Premières Armes du diable ; — Satan ou le Diable à Paris ; — Paris diabolique ; — etc., etc., etc.

Le diable une fois à la mode, on ne vit plus partout que diables et diableries, au grand scandale de ceux-ci et à la plus grande joie de ceux-là ; les murs en furent couverts, les maisons en furent pleines.

Quand tous les théâtres furent pourvus, quelques-uns, dit-on, s’allèrent mettre, en désespoir de cause, au service des ennemis, littéraires ou non, du livre que voici, et vécurent ainsi pendant quelques jours du produit de quelques pages qu’ils écrivirent, — contre tout ce qui réussit en général et contre le Diable à Paris en particulier, — dans deux petites revues, dont l’une va encore plus mal que l’autre, sans doute parce qu’elle va plus souvent ; mais il faut vivre, ce mot explique bien des choses, et tout bon apôtre trouvera que c’est justice que l’envie s’attache au succès et que la faim serve l’envie. Mais de ceci à quoi bon parler ? et veuille le ciel, — pour que toute jalousie s’apaise, — que ces renards de la fable trouvent enfin ce qui leur manque, c’est-à-dire quelques douzaines d’abonnés !