premier monsieur. — C’est un pari que j’avais fait, et des plus plaisants.
second monsieur. — Oui-da ! J’en ai beaucoup entendu parler.
premier monsieur. — Je ne l’avais vue qu’une fois en ma vie ; mais c’était assez pour moi.
second monsieur. — Et vous osâtes en faire la gageure, sur ce simple souvenir ?
premier monsieur. — Elle m’était demeurée là, vous dis-je, et rien de ce qui est entré là n’en sort.
second monsieur. — Vous êtes un terrible homme ! Mais comment en fîtes vous la conquête ?
premier monsieur. — J’avais parié, comme vous savez, que je la posséderais sous trois mois.
second monsieur. — C’était beaucoup vous engager.
premier monsieur. — Audaces fortuna… J’avais été poussé à bout : j’étais résolu à n’y rien épargner.
second monsieur. — Et c’est à Berne que vous la découvrîtes !
premier monsieur. — Incontinent après le pari, je courus chez le père Sabran, rue de Ménars, où je l’avais vue autrefois.
second monsieur. — Bon !
premier monsieur. — Il était parti pour Florence, et ne l’avait point laissée derrière lui : il n’avait garde, car, si vous avez connu le père Sabran, vous devez savoir que c’était un gaillard qui s’y connaissait.
second monsieur. — Certes, et c’est à quoi il s’est ruiné.
premier monsieur. — J’arrive à Florence : le père Sabran était mort.
second monsieur. — Mort ?
premier monsieur. — Absolument : c’était un homme fatigué.
second monsieur. — S’il était mort, vous en dûtes concevoir de l’espoir, — expectata dies…
premier monsieur. — Comme vous dites, mais après avoir retourné