Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 3.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nuance, à la conserve d’ananas, dont vous ayez admiré la poitrine, aujourd’hui ravinée comme par un torrent, dont vous avez admiré les beaux cheveux que couvre à cette heure un turban taillé en forme de charlotte russe. Oh ! ne revoyez pas vos maîtresses, ne revoyez pas vos anciens portraits, ne revoyez pas… ne revoyez rien.

Ai-je dit un seul mot de :

la maitresse anglaise,

Démon cousu dans la peau d’un ange, rose du Bengale enragée, aimant quelqu’un plus que son mari, c’est vous ; aimant quelqu’un plus que vous, c’est elle (beaucoup de Françaises sont dans ce cas) ; aimant quelque chose plus qu’elle, c’est sa réputation ; aimant quelque chose beaucoup plus que sa réputation, c’est le thé vert coupé avec du thé russe ?


De combien d’autres maîtresses encore ne faudrait-il pas parler avant d’arriver à la plus dangereuse de toutes, à celle qui n’a son amour ni dans la tête, ni dans le cœur, ni dans les yeux, mais dans son écritoire ; à celle qui vous répond, quand vous lui dites : « Je t’aime ! » par : « Quand ferez-vous passer mon roman dans la Presse ou dans le Siècle ? » À celle qui vous prend pour corriger ses fautes, et que vous gardez pour vous mortifier des vôtres :

la maitresse bas-bleu !  !  !
leon gozlan.