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Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 3.djvu/7

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radoucit tout à coup, si vous vous acquittez convenablement de l’importante mission que je vous confie. — Ah sire, » dit le capitaine.

arrivée du capitaine a paris, ce qu’il advint de lui et de ses diables.

Satan parlait encore, que déjà il était obéi, et que, dans leur empressement à exécuter les ordres de leur maître, le capitaine et sa petite armée, composée des quatre diables qu’il s’était adjoints, et de quelques autres qui l’avaient suivi en volontaires, étaient étourdiment arrivés au cœur même de Paris sans avoir pensé à se munir des renseignements au moyen desquels il leur eût été possible de parvenir jusqu’auprès de Flammèche et sans avoir pris aucune des précautions qui pouvaient assurer leur incognito.

Mais heureusement pour eux il se trouva qu’on était alors dans les derniers jours du carnaval, de façon qu’ils furent généralement pris pour des bourgeois qui voulaient s’amuser.

Le bruit courut bien un instant, à cause de leur teint qui était un peu foncé, qu’ils venaient ou de la Chine ou du Japon ou du Mexique ! Les Parisiens ont bientôt fait de tout confondre sitôt qu’il ne s’agit pas d’eux-mêmes. Mais bientôt tous ces bruits tombèrent comme tombent à Paris tous les bruits ; on entrait en carême et la seule chose qu’ils eurent à faire fut de s’habiller comme tout le monde pour n’être point remarqués. Si quelques-uns, à voir leur air emprunté dans nos vêtements, dont ils n’avaient pas l’habitude, les prirent pour des forgerons endimanchés, nous devons dire que ceux-là étaient des Parisiens raffinés, c’est-à-dire de ceux qui remarquent tout, mais qui ne s’étonnent de rien ; et la vérité est qu’il y avait à peine huit jours qu’ils étaient parmi nous, que déjà personne ne songeait plus à eux.

Le pauvre capitaine et sa bande, qui avaient cru d’abord que rien ne serait plus facile que d’en arriver à leurs fins, n’avaient pas tardé à s’apercevoir que leur besogne n’était pas beaucoup plus aisée que ne le