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listes ; est-ce leur faute s’ils sont forcés de vous offrir de telles peintures ? Ils avaient tous commencé par de riants tableaux, on ne les a point regardés : alors il leur a bien fallu chercher d’autres sujets pour attirer les yeux.


Signes du temps. — La véritable mission des femmes est de secourir ceux qui luttent seuls et désespérément ; leur devoir est d’assister les héroïsmes en détresse ; il ne leur est permis de courir qu’après les persécutés ; qu’elles jettent leurs doux regards, leurs rubans, leurs bouquets, au chevalier blessé dans l’arène, mais qu’elles refusent un applaudissement au vainqueur félon qui doit son triomphe à la ruse. Oh ! le présage est funeste ! ceci n’a l’air de rien, eh bien, c’est très-grave ; tout est perdu, tout est fini dans un pays ou les renégats sont protégés par les femmes ; car il n’y a au monde que les femmes qui puissent encore maintenir dans le cœur des hommes, éprouvé par toutes les tentations de l’égoïsme, cette sublime démence qu’on appelle le courage, cette divine niaiserie qu’on nomme la loyauté.

Depuis quelques années, le courage et la droiture sont entièrement passés de mode ; les fourbes sans esprit, les intrigants moroses sont en tous lieux les favoris des belles. Il faut flétrir ce favoritisme dangereux ; il ne faut pas permettre qu’il s’établisse, ce règne brutal, le règne des envieux et des traîtres. Dieu sait où il nous mènerait !


Bravoure et poltronnerie. — Le courage des femmes est si capricieux ! telle perd la tête dans un incendie, qui a été sublime dans un naufrage ; telle autre, très-brave au milieu des flammes, ne peut entendre un coup de fusil sans s’évanouir ; un danger qui est un souvenir, pour l’une est un motif de sécurité ; pour une autre, précisément, c’est un motif de crainte invincible ; il y a des mères qui sont courageuses parce que leurs enfants sont là et qu’il s’agit de les protéger ; il y en a d’autres, au contraire, qui sont folles d’effroi parce que leurs enfants sont près d’elles, et que l’excès de leur tendresse leur fait perdre toute énergie, toute présence d’esprit.

Il y a des jeunes filles qui ont peur des voleurs, des revenants, des crapauds, des souris, et qui se voient emporter par un cheval fougueux sans pâlir. Interrogez les femmes, elles vous feront toutes une réponse