Page:Gay - Albertine de Saint-Albe, Tome I.djvu/8

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Je pris la lettre en tremblant : je connaissais l’étourderie de mon frère et la sévérité de mon oncle.

« Eh bien ! me dit-il d’une voix de tonnerre, qu’en dites-vous ? N’ai-je pas raison de le répéter sans cesse : tel a été le père, tel sera le fils. Mon frère m’a coûté ma fortune, et le vôtre me fera mourir de chagrin ! »

Je me levai pour m’approcher de M. de Saint-Albe et le supplier : il m’arrêta. « Laissez-moi, je vous rends justice, vous êtes une excellente fille, bonne et dupe comme votre tante : mais j’ai de l’humeur, je veux être seul, rentrez dans votre chambre. »

Je n’osai pas insister. Je courus vers la porte et je m’enfuis dans le jardin sans savoir où j’allais.