Page:Gayda - Ce brigand d’amour !, 1887-1888.djvu/11

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Mais tu m’aimes encor malgré ma forfaiture,
Et quand je te reviens après chaque blessure,
Tu me rouvres tes bras comme une bonne sœur ;

Car tu sens bien qu’au fond, dans mon amour pour celles
Qui méritaient si mal l’offrande de mon cœur,
C’est toi, c’est toujours toi que j’adorais en elles…




CALLIOPE




P
P
LANANT dans l’infini sur tes ailes de flamme,

Les cheveux dénoués, un cercle d’or au front,
Muse, tu fais vibrer dans l’immortel clairon
L’hymne de l’idéal que le monde réclame.

Mais ce rêve entrevu que ta bouche proclame.
D’aucun mortel contact ne subira l’affront,
Nos terrestres désirs jamais ne l’atteindront,
Et c’est d’un leurre, hélas ! qu’il torture notre âme.

Toi seule, Calliope, avec tes puissants yeux,
Comme l’oiseau de Zeus soutenant dans les cieux
Le regard de Phoïbos, tu le vois face à face…

Prends-moi donc avec toi dans l’éther azuré,
Et, nouveau Prométhée à la superbe audace,
J’irai des dieux jaloux ravir le feu sacré !




LES ÉTOILES




T
T
ANDIS qu’en se jouant les rêves d’or, en chœur,

Vers l’azur infini m’emportaient sur leurs ailes,
Je songeais tristement aux choses éternelles
Qui troublent le poète et le poignent au cœur…

La nuit était sereine, et par le ciel sans voiles,
Laissant voir grande ouverte une blessure au flanc,
Autour de Séléné, la déesse au front blanc,
Se pressait un cortège innombrable d’étoiles ;

Sur un rhythme voilé, pénétrant et très doux,
Elles disaient des chants amoureux et mystiques
Comme l’hymne d’hymen que les vierges antiques
Chantaient en amenant l’épousée à l’époux.

Mes rêves à côté de leur ronde de flammes
Suspendirent leur vol, et tremblant, je leur dis :
« Étoiles qui veillez au seuil des paradis,
« Flambeaux étincelants qui me semblez des âmes,