Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/104

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LE PORTRAITISTE AYED ET CHARDIN PORTRAITISTE (premier article) Toutes les fois qu'une ligure de l’époque de Louis XV se présente sur une toile anonyme avec une surprenante fermeté de modelé, une belle intrépidité de pinceau, une savoureuse richesse d'em¬ pâtement, voire sous une chaude atmosphère, quelque chose de rem- branesque dans la qualité des tons assourdis,— par impossibilité de mettre un autre nom vraisemblable d’artiste sur cette facture par¬ ticulière, l'œuvre, après élimination, est rangée sous celui de Chardin; c'est la règle. Et il s’ensuit que ces peintures' s’offrent à peu près les seules que le maître n’ait pas signées, lui qui ne négligeait même pas de le faire sur de simples études comme la petite Fontaine de cuivre de la salle La Cazc. On oublie son camarade Àved, lequel semble, au contraire, avoir rarement pris soin d’in¬ scrire son nom sur ses ouvrages ; on ne songe pas qu’une bonne part de l’estime dont jouissait cet artiste en son temps s’adressait justement aux qualités de solidité et d’abondance picturales qui nous séduisent dans ces portraits. Àved était, d’ailleurs, demeuré dans l’ombre jusqu’ici. On le ‘^connaissait vaguement pour avoir été l’ami de Chardin, le com¬ pagnon de presque toute sa vie ; et on ne le jugeait guère que sur une peinture du Louvre, distinguée, mais un peu froide, représentant le père de Mirabeau.