Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/131

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS térieur, travaillant de 1480 à 1520 environ, n’a point jusqu’ici révélé son nom; on se contente de l’appeler, provisoirement, le « Maître des Bourbons » ou le « Maître de Moulins ». On a beaucoup écrit sur Jean Fouquet, 11 est inutile de rappeler aux lecteurs de la Gazette les découvertes les plus récentes faites à son sujet par MM. Bouchot, Paul Durrieu, Paul Leprieur, etc... Néanmoins, il reste encore beaucoup à trouver sur lui et son école. À quelle époque et par qui s’est formé, dans la peinture, cet aimable et clair génie de la Loire? Dès le xmc et le xivc siècle, nous l’avons vu, il y a de bons peintres à Orléans. Au xvc siècle, on en trouve aussi à Blois, Tours, Angers, et, parmi eux, des artistes étrangers, italiens ou septentrionaux. Comme les grandes cours, royale à Paris, pontificale à Avignon, ducale à Dijon, les petites cours de Charles d’Orléans, comte d’Asti, à Blois, et de René, roi de Naples, à Angers, sont cosmopolites. Piètre André est le favori de Charles, Coppin Delft celui de René. A Tours, en 4429, c’est un Écossais, James Pol- wer, qui peint l’étendard de Jeanne d’Arc, et lui fait, probablement, ce portrait que ses juges iniques lui reprochèrent comme un acte d’idolàtrie. Or, nous le savons, l’admirable fille, aussi intelligente des arts que de tout le reste, aimait les belles étoffes, les belles armures, les belles orfèvreries, les belles images, et, sur sa route, elle s’adressa toujours aux bons faiseurs. A Tours, depuis des siècles, Horissait, d’ailleurs, une école de miniaturistes autour de la riche librairie de Marmoutiers. Au commencement du xvc siècle, on y trouve, par douzaines, des décorateurs, des verriers, des tapissiers, des brodeurs, des sculpteurs, des peintres achalandés. Lequel de ces bons ouvriers instruisit Jean Fouquet? Nous l’ignorons; nous ne savons pas même ce dont le jeune Tourangeau était capable avant son séjour en Italie, entre 1447 et 1450 environ. A partir de ce moment on suit à peu près sa carrière, fort pai¬ sible, autant qu’il semble, comme peintre royal, dans sa ville natale, par une série d’œuvres retrouvées, série d’ailleurs fort incom¬ plète. Néanmoins, avec quelle impatience nous attendions la réu¬ nion de ces trop rares peintures, jusqu’à présent dispersées entre Paris, Berlin, Anvers, Vienne! Quel serait le résultat de celte épreuve comparative? Fouquet allait-il nous apparaître, dans les grandes figures, dans la peinture d’histoire, aussi personnel, aussi novateur que dans ses miniatures? Justifierait-il, décidément, comme portraitiste, la renommée exceptionnelle dont il avait joui de son temps, et même au siècle suivant, en Italie autant qu’en France?