Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

144 GAZETTE DES BEAUX-ARTS r au bas des miniatures des Heures d’Etienne Chevalier (v. la figiu ci-contre). D’autre part, cet emploi du latin, cette très légère pédai terie, ne saurait surprendre chez un artiste qui est allé en Italie, connu Filarete, a prodigué les S. P. Q. R. dans les sujets antiqrn qu’il a peints, et a même copié des monuments romains1. De plu les artistes français du xve siècle, à l’exemple de Jean de Bruges de Jean van Eyck, ont volontiers signé en latin, témoin Nicolî Froment ou les enlumineurs Jean de Montluçon2 et G. Hugonnet. Enfin, M. de Mély trouve « un sentiment italien... manifes dans l'économie de ce petit émail ». A cela il est difficile ( répondre autrement que par une simple dénégation catégorique. Poi quiconque a l’habitude de regarder des œuvres d’art, peu de pièç< portent aussi clairement la marque de leur temps, de leur pays et < leur auteur. N’a-t-on même pas voulu identifier avec l’émail du Lou v: Y Inconnu de la collection du prince de Liechtenstein3? Il n’y a d’it; lien, dans cet objet, que l’origine de sa technique. Courajod a démoi tré4 que l’émail en camaïeu d’or avait dû être enseigné à Fouqu par Filarete, qui le pratiquait certainement, témoin la statuette ( bronze, décorée d’émaux de ce genre, qu’il fit pour Pierre deMédic en 1465, et qui est conservée à Dresde5. Que ce procédé du camaït d’or ait plu à Fouquet, c’est ce que prouvent les nombreux médai Ions et bas-reliefs peints de la sorte, qu’il a placés au bas d< r grandes miniatures des Heures d’Etienne Chevalier0. Aussi, à notre avis, ne saurait-il subsister aucune hésitation sur date qu’il convient d’attribuer à l’émail du Louvre : c’est bien ui œuvre française, du milieu du xv« siècle, qu’on peut attribuer Fouquet lui-même. Nul n’aurait probablement été tenté d’élever 1. P. Leprieur, Nota sur le cadre du diptyque de Mclun (Bulletin de la Soc. t Antiquaires de France, 1897, p. 315-316). 2. Catalogue de l’Exposition des Primitifs français. Paris, 1904, in-8o : Mam crits, p. 76. 3. Ce tableau est daté, mais on liésite entre 1456, 1457 et 1470. Cf. Lepriei Jean Fouquet, p. 347; — M.-J. Friedlànder, Die Votivtafel des Estienne Chevalier i Fouquet (Jahrbuch der kgl.Preussischen Kunstsammlungen, 1896,p. 213) ; — P. Vit De quelques travaux récents relatifs à la peinture française du xv^ siècle. Paris, 19 in-8o, p. 9. 4. L. Courajod, Quelques sculptures en bronze de Filarete (Gazette archéologiq 1885, p. 387-391), —et Bulletin de la Société des Antiquaires de France, 1887, p. 2 5. C’est là sans doute ce que M. de Mély appelle v l’émail de Vienne » (ou cité, p. 461, note 1). 6. Gruyer, Les quarante Fouquet. Paris, 1897, in-4o, pl. 6,10, 29, 34 et 35. V notamment le Martyre de sainte Catherine et Y Intronisation de saint Nicolas.