Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/172

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154 GAZETTE DES BEAUX-ARTS d’esprit plus pénétrant, d’un peu de maniérisme même, surtout dans la ligure de la Vierge, dont le visage, l'attitude, la draperie aux plis plus menus, sont peut-être ce qui, dans l’ensemble,annonce le plus directement l’art du xivc siècle. C’était tout à fait, au contraire, un attrait d'inédit qu’offrait cette pièce d’orfèvrerie unique prêtée par M. Georges Hoentschel, célèbre déjà dans le monde des amateurs depuis tantôt dix-huit mois qu’elle avait été retrouvée à Bourges, lors de la démolition d’une maison de la rue de Juranville, mais livrée ici à la curiosité publique pour la première fois. Elle n’avait même encore été reproduite nulle part avant l’étude de M. Emile Molinier parue tout récemment dans le volume du centenaire de la Société des Antiquaires de France ; nous ne saurions mieux faire que de renvoyer le lecteur à cette étude autorisée, pour l’appréciation de la pièce elle-même et l’indication des circonstances qui ont accompagné sa trouvaille 1 au dire de per¬ sonnes dont la bonne foi et la perspicacité nous sont garants de sa sincérité. M.-Molinier a proposé de voir dans cette figurine d’argent doré repoussé au marteau un fragment de la décoration d’une châsse du milieu du xuiG siècle : il croit même pouvoir supposer qu’il s’agit de celle dite des Innocents que décrivent les inventaires du trésor de la cathédrale de Bourges antérieurs à J560 et qui comprenait au revers une Adoration des Mages. C’est l’un des rois Mages que nous aurions ici. La châsse aurait été dépecée par ordre du chapitre avant l’ar¬ rivée à Bourges des huguenots de Montgommery, et des fragments, dont celui-ci sans doute, auraient été oubliés ou détournés lorsque, le calme rétabli, on tira les objets précieux de leurs cachettes. Pareil détournement ou pareil oubli put se produire aussi du reste — et l’on en a des preuves — à la Révolution, lorsque la Convention fit amener à Paris, pour y être fondus, les métaux précieux du trésor. Ce serait, alors, seulement dans les dernières années du xvinc siècle que l’ob¬ jet aurait été caché entre les deux pans de bois dont la démolition a amené sa découverte. 1.\tCelle-ci, qui eut lieu dans les derniers jours de juillet 1902, fut annoncée au commencement d’aoùt dans une note parue au Journal du Cher. Cette note, rédigée par M. Baron, de Bourges, fut communiquée et commentée par M. Henry Martin dans une séance de la Société des Antiquaires de France en mars 1903. Des détails plus complets et plus circonstanciés ont été fournis par M. Paul Gau- chery, notamment dans une lettre adressée à M. Molinier et reproduite par lui dans l’article cité ci-dessus.