Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/193

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BIBLIOGRAPHIE VRTE P1SANA, par I. Benvenulo Sljplno1 n. Benvenuto Supino, le distingué conservateur du Musée natio¬ nal de Florence, qui a déjà publié tant d’intéressants travaux sur Fart italien, notamment II Mcdaglicre Mediceo et les mono¬ graphies de Fra Angelico,de liotticelliet des Lippi, nous donne aujourd’hui un beau volume sur l’art à Pise. Il nous apporte le fruit des études qui ont pour ainsi dire rempli toute sa vie. Jusqu’ici aucun travail d’une 1 elle importance n’avait encore été consacré aux urls de cette école pisane qui fut la mère de l’Italie moderne. C’est dans la. peinture que l’école pisane jeLa le moins vif éclat. Cela tient à ce que, à l’époque de sa plus grande splendeur, au xne et au xiuc siècle,l’atten¬ tion des artistes était presque exclusivement absorbée par la construction des édi¬ fices et par leur décoration sculptée. Pise cependant, ici encore, est à la tête de l’Italie et possède le plus grand peintre du début du xme siècle, Giunta,de Pise, l’illustre fresquiste de l’église Saint-François à Assise. Plus tard, au xivc et au xve siècle, lorsque Pise décore son Campo Santo, son école est déchue de sa splen¬ deur et elle est obligée de faire appel à des étrangers. Cepëndant elle a encore au xive siècle un grand peintre, Francesco Traini, à qui M. Supino propose d’at¬ tribuer les célèbres fresques du Triomphe de la Mort et du Jugement dernier. Plus intéressantes sont les questions qui concernent l’architecture pisane, architecture qui a régné dans la Toscane et dans la Sardaigne jusqu’au jour où l’architecture gothique est venue la supplanter. Par des conclusions différentes de celles de M. Rohault de Fleury, M. Supino pense que le Dôme de Pise est une œuvre originale qui n’a été précédée d’aucune tentative. Les architectes qui ont construit SanPiero aGrado,San PaoloaRipa d’Arno, San Frediano,sont les imita¬ teurs et non les précurseurs de Buschetto, l’immortel créateur du Dôme de Pise. Mais, quelque soit l’intérêt des questions qui concernent la peinture et l'archi¬ tecture pisanes, on sent bien qu’ici tout est subordonné à la gloire de l’école de sculpture et, par-dessus tout,à l’exceptionnelle personnalité de Nicolas de Pise, le maître qui, avec GioLto, a exercé la plus profonde action sur les destinées de l’art en Italie. Au moment où M. Bertaux2, par une série d’arguments nouveaux d’une grande valeur, soutient l’origine méridionale de Nicolas de Pise, il est intéressant de rencontrer en M. Supino un défenseur convaincu de la thèse qui 1. Florence, Alinari, 1904. In-folio, 334 p., avec 208 gravures et lb planches. 2. L’Art dans l'Italie méridionale, t. 1er. Paris, Fontemoing, 1904, in-4o ill.