Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/222

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS les imbrications des petits toits simulés sont traitées de même. Nous sommes en présence d'un fragment de soubassement de tombeau; le tombeau de Reims, comme celui de Rouen, devait en comporter un. Ce fragment est, dans ses grandes lignes, ici qu’eut pu le dessiner un archéologue voulant proposer une restitution du monument de Reims. Prétendre qu’il en ait fait partie serait évi¬ demment une hypothèse téméraire; mais ne subsistât-il que ceci (et, réduite à ces termes, ^affirmation ne pourra guère être contestée) : à tel moment du xue siècle, dans la région de Reims, on fabriquait un type de tombeaux, identique par l’ordonnance générale au tom¬ beau de Rouen, type que l'on peut reconslituer par la pensée en rapprochant du fragment arrivé par hasard à Paris, les morceaux encastrés dans la façade nord de la cathédrale de Reims, — je n’en demanderais pas davantage pour justifier complètement ma thèse. Maintenant, à quel personnage peut avoir appartenu ce tombeau? Pour résoudre ou essayer de résoudre cette question, il faudrait une connaissance approfondie et de l’histoire de Reims et des traditions de son église1, compétence spéciale qui me fait défaut. Les dates ne sont d’ailleurs que d’un médiocre secours puisque nous savons que tant de monuments sont postérieurs de beaucoup à l’époque où mourut leur destinataire. Toutefois, il est un nom autour duquel convergent quelques vraisemblances. M. Demaison est frappé lui- même de la ressemblance qui existe entre les pilastres du portail roman — ces pilastres à l’ornementation extérieure précise et ner¬ veuse où des enfants nus, évoquant le souvenir des petits génies romains, vendangent déjà dans cette vigne qui, de la base au faîte, formera plus tard à la métropole champenoise une si locale et si expressive parure — et certains chapiteaux déposés au Musée ar¬ chéologique de Reims et rattachés par la tradition aux construc¬ tions de F évêque Henri de France (1162-1175). Ces deux chapiteaux (nos 78 et 79 du catalogue du musée lapidaire rémois) reprodui¬ sent en effet exactement l’enroulement du motif de droite du por¬ tail (cul-de-lampe de cet article) sauf que les petits génies y sont nus, mais ils sont nus dans le motif de gauche (lettre de cet article). \. Ne voyons-nous pas, par exemple dans la Bibliothèque liturgique de iM^r Ulysse Chevallier (t. VII : Ordinaires de heims du xue au xute siècle), que, tous les ans, le jour de la Toussaint à l'office de Primes, les chanoines faisaient méinoirë d'un évêque «Ebalus» (Ebbles deRoucy (f 1033), qui avait fait don à la cathédrale d'une villa, et de naLtes destinées à recouvrir le pavé du chœur pendant l’hiver? Un tel fait ou un semblable peut suffire pour expliquer l'érection d'un tombeau posté¬ rieur à la mort du personnage inhumé.