Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/227

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LE PORTAIL ROMAN DE LA CATHÉDRALE DE REIMS 190 atavisme de ses origines barbares, elle s’en va, confiante et joyeuse, à la conquête de ses glorieuses destinées. Les têtes de cette époque ont le charme indécis et comme l’attrait d’ébauche de visages très jeunes que la vie n’a pas encore individualisés et durcis. C’est dans le rendu de la figure humaine, expression, geste et dra¬ perie, cette même poussée de sève, abondante et généreuse, ce même caractère de vie en germe, de bourgeon non encore épanoui, que Yiollet-le-Duc, si souvent cité et copié depuis, notait avec une telle justesse dans la flore monumentale de cette époque. Or, à cette avenue idéale au fond de laquelle on aperçoit déjà les splendeurs du portail occidental de Notre-Dame de Paris, terme promis aux efforts de toute une génération d’artistes et de croyants, suprême réconfort des générations qui suivirent, à cette avenue bordée des monuments de Sentis, de Saint-Remi de Reims, de Sens, de Laon, de Saint-Yved de Draine, s’il fallait un portique et, dominant ce portique une statue, je proposerais d’y placer la délicate, charmante et tendre figure de cette petite Vierge de Reims qui, façonnée d’abord, je le crois, pour veiller sur le dernier sommeil d’un de ses dévots serviteurs, a daigné, la première, s’incliner maternellement vers les hommes en leur montrant son Enfant-Dieu. LOUISE PILLION Cliché Martin-Subon