Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/230

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L’EXPOSITION DE L’ANCIEN ART SIENNOIS 501 plus cligne de la grande tradition de Part siennois, qui est l’école la plus intime et, dans un sens, la plus attrayante de toutes les écoles italiennes. L’exhibition actuelle, en ce qui regarde la peinture, est un fouillis, un pêle-mêle, au lieu d’être un vaste déploiement du panorama magnifique qu’est l’art siennois. Et cependant il n’aurait pas été impossible de réunir une série splendide de chefs-d’œuvre, en s’écartant à peine des endroits qui ont contribué à cette exposition. Si le cercle avait été, comme cela se pouvait, plus large et mieux établi, cette exposition aurait été, même pour les gens qui n’ont aucune connaissance antérieure de Sienne, une révélation des merveilles et delà gloire de l’art siennois, depuis Duccio jusqu’à Peruzzi. Mais on constate avec peine des signes de hâte et un manque de discernement. Pourquoi, par exemple, le contingentée l’église du Carminé oc¬ cupe-t-il la plus belle de toutes les salles, avec ses panneaux d’au¬ tel extraordinairement insignifiants, la plupart d’entre eux n’ayant même aucun intérêt artistique ni historique, cependant que tant d’autres églises, beaucoup plus riches en chefs-d’œuvre magnifiques et caractéristiques, s’il en fut jamais, de l’art siennois à son apo¬ gée, ne sont pas représentées? Pourquoi Montalcino a-t-il eu la permission d’envoyer tout ce qu’il voulait de bon ou de mauvais ou d’indiiïérent, tandis qu’un grand nombre de villes voisines, éga¬ lement riches en peinture, n’ont rien fourni? Quant aux collections privées, en Toscane seulement, on pour¬ rait citer vingt tableaux beaucoup plus beaux et beaucoup plus caractéristiques que n’importe lequel de ceux qu’on voit exposés. Et puis, les « croûtes »! Quelle excuse, sinon la hâte, justifie¬ rait la présence de tant de peintures indifférentes ou même positi¬ vement hideuses? La prépondérance d’œuvres de cette catégorie donne une idée absolument fausse de ce que fut en réalité l’art siennois. Une dou¬ zaine de chefs-d’œuvre bien choisis et convenablement placés, comme furent les « Primitifs » à Paris, serait infiniment plus inté¬ ressante en même temps qu’instructive et donnerait une idée beau¬ coup plus juste du vrai mérite d’une époque quelconque que ne le fait cette masse d’œuvres de troisième ordre qui encombrent — pareilles à des timbres-poste dans un album — les murs de l’expo-. silion de Sienne. Aucun peintre de première importance parmi ceux de Sienne n’est convenablement représenté â l’exposition, à l’exception de XX XII. — 3e l'KlUODE.\t26