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220 GAZETTE DES BEAUX-ARTS tournaient parfois au « briqueté », offraient quelque chose de pénible et de fatigué L II les modelait surtout par des plans trop simples; il leur aurait fallu un peu de ces touches alertes, de ces réveillons par lesquels Perronneau, par exemple, son voisin au musée du Louvre, dans son portrait à l'huile de Jean-Baptiste Oudry, soutient, ranime à chaque instant l'intérêt de son analyse.

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Néanmoins, pour‘avoir été apprécié à ce point de ses contempo¬ rains, la supériorité de son talent a dû aboutir, en de certaines productions que nous ignorons, à des résultats véritablement remar¬ quables. Il est au Louvre une toile anonyme fameuse qui, justement, séduit et même surprend par cette toute particulière qualité : je veux parler de la Femme inconnue de la salle La Gaze2. Dans l'ignorance quasi absolue où l’on était jusqu’à présent de l’œuvre cPAved, on n’avait jamais pensé, après tant de vaines recherches, à se poser la question si ce ne serait pas lui l'auteur de cette captivante figure. Son nom fut cependant prononcé pour la première fois en 1879, par M. Charles Cournault, descendant en ligne directe du peintre, dans une notice sur son trisaïeul dont il-donna lecture à la Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements3. Lorsque le docteur La Caze fit au milieu du siècle dernier la décou¬ verte de la toile, il crut se trouver bel et bien en face d'un magni- iique Chardin. La méprise, nous le verrons, est fréquente devant les productions d’Aved, et c'est au premier abord un indice qui doit éveiller notre attention. On prétendait même identifier le portrait avec 1. Grimm, Baillet de Saint-Julien (Salon de 1748). 2. Ce portrait a été gravé à Peau-forte par M. Waltner dans la Gazette des Beaux-Arts, 1895, t. I, p. 236. 3. Cette notice, très courte, contient quelques renseignements curieux. La famille des descendants d’Aved possédait de lui à cette époque seize toiles; ce fut leur examen qui amena M. Ch. Cournault à son opinion sur Panonyme de La Caze. Ùarmi elles se trouvaient un portrait de Piron, et un véritable chef-d'œuvre, est-il assuré, tout à fait digne de Chardin par la qualité supérieure do sa peinture: une image d’enfant en Buveur de lait', ce n’était autre que le portrait du futur avocat Aved de Loizerolle, lequel, à l’époque de la Terreur, « par un sublime mouvement de dévouement paternel, demanda à être conduit à la mort au lieu de son fils et fut en effet exécuté à la place de celui-ci le 8 thermidor. » Pour prouver l’étroiLe paternité du talent d’Aved avec celui de son ami Chardin, M. Courault présenta à la Société une toile typique représentant une jeune fille, presque une enfant, occupée à dessiner une tête au crayon rouge.