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230 GAZETTE DES BEAUX-ARTS égard? Peut-être à Antonio Pollaiuolo lui-mème, qui l'aurait édifié pendant les dernières années de sa vie. En tout cas, il porte l'in¬ scription suivante : ANT0N1US. TULLARIUS. PAT RI A. FL0RINTIÏS1US. PICTOR. INSIfiN. QUI. DYORVM. PONT. X1ST1 ET INNOCEiNTI AEHEA. MONUMENT. MIKO. OP1F1C. EXPRESSIT. RE. FA MIL. COMPOSITA. EX. TEST. IIIC SE CVM PETRO FRATRE CONDIDl VOLVIT. V1X. ANN. LXX1I. 01T. ANNO. SAL. M.Il.D. D’après cette inscription, le tombeau aurait été élevé par les soins des héritiers d'Antonio Pollaiuolo, en exécution des dernières volon¬ tés exprimées dans son testament. À qui donc alors attribuer les bustes qui occupent les deux niches circulaires ménagées à la partie supérieure du monument, portraits d’un naturel exquis? Ne serait-ce pas Antonio lui-mème qui les aurait préparés en vue de cette utili¬ sation? La composition commémorative peinte par l’un ou l’autre des Pollaiuoli. si ce n’est par les deux ensemble, occupe sur le pilier de l’église l’emplacement primitivement affecté à la mosaïque de saint Sébastien. Elle surmonte le tombeau, et, comme le fronton qui cou¬ ronne ce dernier est incrusté dans la partie inférieure de la fresque, il faut en conclure que celle-ci avait dû être exécutée avant le monu¬ ment. Cette peinture, prix de l’autorisation demandée par Pollaiuolo, était donc achevée lorsqu’en 1502 Antonio mourut. Elle représente l’épisode de la peste à Rome en 680 et traduit exactement la légende rapportée par Paul Diacre, traduction absolument anecdotiquc où rien n’est oublié. Au centre de la partie supérieure, le pape Agathon, entouré de ses cardinaux, coiffé de la tiare, portant une grande chape d’or sur son vêtement blanc, est assis sur un trône et bénit; à ses côtés sont rangés les cardinaux. Cette vénérable assemblée se tient dans le tri¬ clinium d’un riche palais, ou à l’entrée d’une grande basilique; mais le peintre, suivant les habitudes du temps, a représenté un élégant monument de style florentin du xvc siècle, dans le genre de ceux que Pinturicchio peignait à la même époque aux appartements Borgia du Vatican. L’édifice est situé au sommet d’un grand escalier dont les statues de saint Pierre et de saint Paul décorent la montée; il se détache sur un ciel clair et lumineux dans lequel planent les