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LA DÉESSE AUX SERPENTS AU PALAIS DE CNOSSE 23 nouveau que nous ont révélé celles de Cnosse, un monde où se sont élaborés beaucoup d’idées et de types qui ont survécu et ont fructifié dans les temps modernes, parmi lesquels on est bien tenté de com¬ prendre ceux de la Grèce classique, plus rapprochés de nous d’au moins douze siècles. Entre Périclôs et Charlemagne, il ne s’est guère écoulé plus de temps qu’entre les fabricants de nos statuettes de faïence et Périclès. Ainsi, l’horizon de l’histoire de l’art en Europe se trouve à tel point élargi, que la Grèce classique n’est plus voisine du point de départ, mais comme au milieu d’un long développement. Il n’y a pas eu un seul moyen âge, mais deux, dont le premier a étouffé, ou du moins dispersé la civilisation Cretoise et mycénienne, comme le second a rejeté la civilisation romaine en Orient, où elle « s’est imprégnée et fortifiée d’éléments nouveaux. Chacune de.ces périodes d’obscurité et d’apparente décadence a été produite par la même cause : l’invasion des tribus du nord de l’Europe dans le bassin delà Méditerranée. Et comme, suivant toute apparence, les peuples de la Crète et de l’Argolide étaient également descendus du nord de l’Europe, il doit y avoir eu un troisième moyen âge, plus ancien encore, à l’aurore de la civilisation minoenne. Peu à peu et par d’in¬ cessantes découvertes, l’archéologie remonte triomphalement le cours des siècles et tend â combler l’intervalle encore énorme qui sépare les origines de l’histoire de la fin des temps géologiques. SALOMON RE [N A CH