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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/276

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242 GAZETTE DES BEAUX-ARTS ce genre ne s'est conservé dans les châteaux de Saxe, et même n'existe nulle part ailleurs. Ce bouquet de fleurs avec ses dimen¬ sions est unique en son genre. Il serait inadmissible qu'un second exemplaire pût se trouver à Dresde. Les peines et les frais du trans¬ port auraient été par trop considérables. Quelques mois seulement après, M. de Luynes nous parle d’une autre œuvre du même genre offerte comme cadeau à la reine de France. « M. de Fulvy, qui est toujours chargé de la manufacture de porcelaine de Vincennes,a fait apporter aujourd'hui à la Reine un vase de porcelaine dont la compagnie de celte manufacture fait pré¬ sent à Sa Majesté. Ce vase est de porcelaine blanche travaillée. Ce vase est accompagné de trois petites figures blanches, le tout est monté sur un pied de bronze doré. Dans le vase, il y a un bouquet de fleurs naturelles aussi de porcelaine. M. de Fulvy nous a dit qu'il y avait quatre cent quatre-vingts fleurs dans ce bouquet. Le pied, le vase et le bouquet peuvent avoir environ trois pieds de haut. La monture seule en bronze doré coûte cent louis. La porcelaine coûte à peu près autant; c’est un ouvrage parfait dans son genre tant pour le blanc que pour l'exécution des petites figures et des fleurs. Cette manufacture surpasse actuellement celle de Saxe pour les fleurs. » Ne peut-on inférer de cette description que l’auteur a eu devant ses yeux le bouquet de la collection royale de porcelaines et que l'admiration de la reine pour le bouquet destiné au roi de Pologne avait encouragé la manufacture à lui offrir une œuvre pareille? Car les deux pièces ne diffèrent entre elles que par le nombre des figures. Il ne faut pas non plus s’étonner que M. de Luynes,en parlant du bouquet destiné au roi de Pologne, ne mentionne pas les figures et le socle, comme il le fait pour l’autre bouquet : en effet, il n’en existe pas de description. Un livre de mémoires n’est pas un cata¬ logue ou un inventaire. D’ailleurs, combien est maladroite cette description, par M. de Luynes, du bouquet de la reine ! Il débute par les choses secondaires et ne parle de la chose principale qu’à la fin. Ce n’est pas non plus un hasard qui faisait choisir comme spé¬ cimens des travaux de la manufacture de Vincennes, et offrir en cadeau ces bouquets : les fleurs en porcelaine constituaient sa spé¬ cialité; elle y avait acquis une réputation universelle et surpassait de beaucoup toutes les autres manufactures, y compris — ainsi qu’il a été dit plus haut — celle de Meissen. Le goût de l’époque rococo pour cette ornementation florale en trompe-l’œil occasionna