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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/290

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CORRESPONDANCE D’ALLEMAGNE LES SALONS DE BERLIN Même en y réfléchissant bien, je ne puis me rappeler aucune année où une telle surabondance d’expositions artistiques ait été infligée au public et aux malheureux critiques. L’été actuel en a vu éclore une quantité innombrable. Il n’est pas besoin d’ajouter que toutes ne sont pas excellentes : l’artiste n’est pas un manouvrier auquel on puisse demander de produire tant par an. Commençons par la Société qui est en Allemagne le porte-drapeau des ten¬ dances modernes : la Sécession de Berlin. Le président de ce groupement, M. Max Liebermann, si l’on en excepte son tableau toujours agréable à voir, Jeunes garçons au bain, et son Après-midi d'été n’a rien exposé de bien remarquable. 11 y a déjà trois ans que nous avons constaté chez Liebermann une négligence regret¬ table et nous voyons de nouveau que nous ne nous sommes pas trompés. La « touche du maître », comme on dit, devient petit à'petit un tour de main, une manière. Il en est de même chez Leistikow dont les lacs du Grunewald se res¬ semblent de plus en plus, au point de devenir d’une monotonie effrayante. Louis Corinth non plus n’a rien exposé cette fois qui soit tant soit peu digne de son ancienne exécution. Sa Crucifixion est peu réussie quant au dessin, et la cou¬ leur en est des plus crues; son portrait de l’actrice Tini Genders fait l’effet d’une caricature peinte. Après tous ces désappointements, on ressent une vraie joie en se trouvant devant les tableaux qu’un autre coryphée de la Sécession, Wilhelm Triibner, vient d’exposer. L’un d’eux, le portrait d’une femme tenant un éventail, a été peint il y a déjà quelques années et date de la meilleure période de l’artiste. Il fait