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CORRESPONDANCE D’ALLEMAGNE 261 qu’il fut donné au maître vieillissant de fixer comme par enchantement sur la toile : elle sourit, la rousse et piquante Mme Merk, fixée ainsi pour l’éternité; et tout à côté, une fantaisie bizarre : la petite fille de Lenbach, Margo, en costume de chevalier. C'est un des plus beaux tableaux du maître. Tout est peint dans ces tons profonds et assourdis qui caractérisent les œuvres de Lenbach et nous rappellent un peu van Dyck et Rembrandt dans sa période moyenne. Ces toiles rendent un peu difficile pour le reste. Nous allons donc nous contenter d’une courte énumération des œuvres les plus importantes. Max Fabian a envoyé un portrait d’homme et un portrait de femme, celui-ci peu réussi, mais le premier, au contraire, marquant un progrès plein de pro¬ messes. Le maître Gari Melcliers a envoyé un tableau, Le Fumeur, excellent comme toujours. L’habile Erich Eltze nous montre un portrait de femme dont les qua¬ lités exceptionnelles placent enfin cet artiste à la hauteur où on s’attendait à le voir parvenir. Plus loin, Bennewiiz von Loefen et Cari Gmssow exposent d’excel¬ lents portraits; de même Gh.-M. Baer montre un tableau d’un sentiment de coloris extrêmement délicat. Les portraits de Laszlo nous laissent désappointés à cause de leur superficialité et de leur vide. Citons encore un certain nombre de tableaux très distingués d’Oscar Frentzel. Hans Hermann semble n’avoir pas fait un seul pas en avant. Parmi les sculptures, l’œuvre la plus intéressante paraît bien être le bronze Caïn, du jeune sculpteur Heinemann. Probablement un peu influencé par Franz Stuck, l’artiste a représenté avec une force extraordinaire le moment de la malé¬ diction ; au point de vue technique c’est une scène puissante dans ses détails. 11 y a là beaucoup de promesses d'avenir. Le Chcmneur de rats de lïameln par Hengstenberg est un bronze digne de louange. De Hugo Kaufmann de Munich nous remarquons deux morceaux de premier ordre, sa tête de Saint Georges sur¬ tout, un vrai chef-d’œuvre. De Ludwig Vordermayer, un groupe excellent repré¬ sentant un jeune homme montant à cheval. En général, cette année comme les autres, c’est Fart plastique qui forme le meilleur de l’exposition. Dans ce domaine, où le choix est plus limité, mais où le champ accordé à chaque artiste est en même temps plus libre, ce qui est grand trouve à se développer dans un sens comme dans l’autre. En résumé, 011 peut dire que la jeune génération à laquelle appartiennent précisément ceux des exposants qui donnent beaucoup à espérer, mais que nous ne pouvons malheureusement tous citer à cause de la place restreinte, laisse au total une impression bien meilleure qu’un premier mouvement de pessimisme ne nous l’avait fait penser. LOTHAR BRIEGER-WASSERYOGEL f