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266 GAZETTE DES BEAUX-ARTS ments de la province du Rhin, le professeur Paul Glemen, assisté de l’érudit chanoine Schnütgen, et de M. Firmenich-Richartz, non moins connu par ses belles études sur les écoles du Rhin et qui a rédigé en grande partie le catalogue, parfait à tous égards, offert aux visiteurs, elle réunit les créations les plus typiques des maîtres des provinces rhénanes et de la Westphalie aux xivc et xve siècles. Eux, du moins, forment le noyau et le principal contingent de cette expo¬ sition, à laquelle sont ensuite venus s’ajouter d’autres maîtres an¬ ciens d’Allemagne, des Flandres, de Hollande, de France, d’Italie, même d’Espagne et d’Angleterre, sortis pour quelques mois, grâce à la libéralité des possesseurs de quelques grandes galeries d’Allemagne et de Belgique, des collections dont ils font l’habituel ornement. C’est dans le décor, admirablement approprié, où l’on montrait, en 1902, les chefs-d’œuvre de l’orfèvrerie rhénane, dans quelques salles du Palais des Beaux-Arts, où donnent accès et que séparent l’une de J’autre des moulages de portails de cathédrales ou d’églises de la région (de Munster, de Trêves, de Minden, d’Aix-la-Chapelle, d’Obermarsberg, de Westerkappeln, d’Andernach, etc.), que sont dis¬ posées, avec quelques sculptures et des tapisseries, les miniatures et les peintures des écoles locales primitives, et ce cadre logique et expressif ajoute encore à l’éloquence de ces œuvres. Une série de quatre-vingt-dix-neuf précieux manuscrits du vnc au xvic siècle (complétée par une collection de photographies de manuscrits typiques, réunie par M. Haseloff, et résumant l’histoire de la miniature du ixe au xive siècle, principalement dans les pays rhénans) sert, pour ainsi dire, de préface à l’exposition des tableaux. La Collectio canomtm du vne siècle appartenant à la cathédrale de Cologne, avec ses initiales et ses encadrements où les animaux fantastiques se mêlent aux enroulements de banderoles, montre les débuts, encore barbares, de la décoration des livres, alors purement ornementale. Le progrès est déjà très grand dans le célèbre Ada Codex de la bibliothèque de Trêves (ixe siècle), avec ses grandes et bril¬ lantes miniatures de style carolingien, montrant au début de chaque ^ * Evangile la figure de l’Evangéliste, jeune et imberbe, assis sous une arcade romane. Dans le Codex Egberli, de la même bibliothèque, dû aux moines Kérald et Hériberg de Reichenau (980), la parure est plus complète et plus belle encore : outre les quatre Évangélistes, ayant ici l’apparence de vieillards, sont représentés l’hommage du manuscrit à l’archevêque Egbert de Trêves par les deux auteurs, puis cinquante-six épisodes du Nouveau Testament. Plus riche en-