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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/318

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274 GAZETTE DES BEAUX-ARTS orné, au revers, d'une représentation du Christ mort sur la croix décèle une étude attentive de la nature et une recherche de l'expres¬ sion énergique rares dans les œuvres colonaises de la même époque), et d’une production moins féconde, mais qui n’en posséda pas moins des maîtres de haute valeur. Tels sont ce Conrad de Soest qui ilorissait vers 1400 et dont l’exposition montre trois panneaux décorés de figures de saints et de saintes comparables, pour la grâce et pour le moelleux de la facture, aux créations de Lochner; — le « maître de l’autel de Schœpping », dont l’œuvre capitale, les volets de ce retable (après 1450), trahit dans le panneau de Y Annon¬ ciation l’imitation d’une peinture du « maître de Flémalle1 »; — le maître de cet autel de Liesborn (1465) aujourd’hui, hélas! dis¬ persé2 et dont on ne voit ici que quelques fragments, mais suffi¬ sants pour faire apprécier en son auteur un artiste de premier ordre, comparable, pour la pureté et la douceur de son sentiment, aux meilleurs des Colonais, supérieur même à Lochner, comme le re¬ marque Janitschek3, pour le sens de la beauté, égal aux Flamands pour l’observation de la nature et la science technique, et doué, en outre, d’un sens rare du style (de ses successeurs et imitateurs l’ex¬ position offre un Saint Michel (au consul Ed. Weber) d’une élégante beauté de formes et un Calcaire (à l’église S. Maria zur Ilohe, de Soest) d'un fouillis pittoresque allié à un brillant coloris); —Yictor et Heinrich Dünwegge, chefs d'un atelier très productif à la fin du xve siècle, et parents, par le réalisme de la conception, la vigueur de la facture et du coloris, des maîtres néerlandais d’alors. Huit œuvres importantes de leur main figurent ici, parmi lesquelles il faut signaler leur ouvrage capital, l'immense Calcaire de l’église catholique de üortmund, où les deux frères se sont représentés et qui porte, en effet, la marque de deux manières : l’une plus âpre et plus sombre, l’autre plus aimable et plus nuancée; puis le retable de Saint Antoine (à l’église de Xanten), où abondent les dé¬ tails curieux; et une scène légendaire de prestation de serment (appartenant à l’hôtel de ville de Wesel), aux belles tonalités pro- 1. Voir le Jahrbuch der kon. preitssischen Kuntsammlungen, 4808, p. 11-12. 2. Ce maîlre-autel de l’église du couvent de Liesborn, où était représenté le Christ crucifié entre des saints avec, sur les volets, des scènes de la vie de Jésus- GLirist, fut, lors de la sécularisation du couvent en 4807, enlevé de l’église et divisé en plusieurs fragments : les principaux se trouvent aujourd’hui à la National Gal- lery de Londres; d’autres au musée de Munster; d’autres enfin sont en la pos¬ session du major Lob, à CaldenliofT près Ilamn. ( Westphalie). 3. Geschichte der deutschen Kunst ; Die ilhdcrei (Berlin, Grote, 1887), p. 240.