Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/324

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980 GAZETTE DES BEAUX-ARTS fort, le « maître du Rawbuch »,— ainsi nommé à cause des dessins dont il a illustré un Hausbuch (« livre de raison ») en possession aujourd’hui du prince de WaUburg-Wolfegg, — est représenté par sept toiles, dont six, de sujet religieux, décèlent un esprit amou¬ reux de vérité et soucieux d’originalité, alliant la recherche des détails curieux à celle de l’expression, sobre et puissant dans son exécution et son coloris. Une dernière peinture, le portrait d'un couple amoureux (au musée de Gotha), est plus intéressante en¬ core : le sentiment délicat que le peintre a su joindre à ses fortes qualités habituelles, le naturel et la grâce des personnages, l’élé¬ gance et la richesse des parures — pourpoint rouge à crevés et robe vert foncé sur de fines chemisettes plissées; couronne de roses sur les cheveux bouclés du jeune homme, coiffe transparente bro¬ dée d'or sur ceux de la jeune fille, qui, une fleur dans une main, considère avec complaisance un large anneau d’or ciselé enserrant une houppe de soie sur l'épaule de son cavalier, — le moelleux et le fini de l’exécution, enfin la beauté décorative de la composition qu'encadre d’une si heureuse arabesque la banderole déroulée au- dessus des deux figures, constituent un ensemble de la plus rare séduction. Voici maintenant (on regrette que l’exposition, puisqu'elle devait s’étendre bien à l’est du Rhin, ne nous montre rien des artistes si originaux des écoles d’Ulm et d’Augsbourg) les grands noms de la peinture allemande du xvic siècle. Holbein le jeune n’est représenté que par une seule œuvre : un Portrait de Thomas Morus (au prince de Wied), réplique d’une toile conservée dans une collec¬ tion particulière en Angleterre et dont l’esquisse est â Windsor. Mais l’exposition nous donne la révélation d’une œuvre de Durer (au grand-duc de liesse, à Darmstadt) des plus intéressantes et jus¬ qu’ici, croyons-nous, non encore décrite : un portrait, à la fois largement et délicatement traité dans des tons clairs, d’un jeune homme au visage maigre, à la physionomie noble et sérieuse, aux longs cheveux blonds bouclés, vêtu d’un pourpoint bordé de four¬ rure, tenant dans ses mains un chapelet, et se détachant sur un paysage accidenté où un château se dresse sur un rocher. La com¬ position, la facture et la coloration rendent cette effigie très parente des portraits des Tucher des musées de Cassel et de Weimar et la datent, par conséquent, de la jeunesse de l’artiste, aux environs de 14911. Une Sainte Famille, dessin à la plume lavé d’aquarelle (appar¬ tenant à M. Ed. Hiibner, de Düsseldorf) est également attribuée à