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L’EXPOSITION DES MAITRES ANCIENS A DÜSSELDORF 281 Dürer et porte d’ailleurs les caractères de son art. Par contre, on lui a enlevé — et avec raison, croyons-nous, car la facture n’a rien de celle du maître, — pour le donner à un maître de Francfort influencé par Dürer (M. Haack l’avait récemment attribué à Hans Baldung), le très beau portrait de patricien appartenant au baron de Plolzhausen et que la Gazette a reproduit naguère1. De Lucas Cranach le vieux, il faut citer surtout deux portraits, sur fond noir, d'enfants vêtus de rouge brun et ceints d’une épée, datés 1526 (au grand-duc de Hesse), d’une tonalité un peu dure, mais d’une vie et d’un caractère saisissants. Enfin, franchissant plus de deux siècles,l’exposition nous montre un curieux tableau de Daniel Chodowiecki représentant Calas et sa famille le visitant dans sa prison (au grand-duc de Hesse), reproduc¬ tion, dans la facture fine et soignée propre au maître allemand, d’une gravure de Delafosse, d’après une composition de Carmontelle.

  1. *

La générosité des possesseurs de galeries particulières a engagé les . organisateurs de l’exposition à accueillir enfin, dans des salles parti¬ culières réservées à chacun des prêteurs, toute aine série de pein¬ tures françaises, flamandes et hollandaises, italiennes/espagnoles, voire même anglaise, où se trouvent quelques toiles de premier ordre. En tête de celles-ci, il faut citer deux œuvres qui, hélas! man¬ quaient à notre exposition des Primitifs français et qui, à elles seules, méritent d’attirer à Düsseldorf tous les amoureux d’art: les panneaux de la Vie de saint Berlin, par Simon Marmion, appar¬ tenant au prince de Wied. Nous n’avons pas à vanter ici longue¬ ment la délicatesse, la grâce, le style, l’exécution incomparables de ces ouvrages : M. ITymans l’a fait ici même jadis, avec sa haute com¬ pétence2 : « Ces délicats épisodes sont à n’oublier jamais, écrivait-il, qu’on les envisage à titre d’informations sur les mœurs et le cos- ^ tume ou comme réalisation artistique pure », et c’est à juste titre que M. de Laborde a pu les ranger parmi les merveilles de la pein- ' ture. Un Saint Michel, grande miniature du xivc siècle portant tous 1. Gazette des Beaux-Arts, 1003, t. I, p. 76. % Gazette des Beaux-Arts, 1895, t. I, p. 50 et suiv. (avec reproduction hors texte de'Saint Berlin accueilli par saint Omer). XXXII. — 3e PÉRIODE.