Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES SUR LE PEINTRE VINCENT 293 travaux d'érudition, on alternait entre les sujets nationaux et les sujets antiques. Vincent fut chargé de peindre Le Président Molé résistant aux factieux pendant les troubles de la Fronde. C’était de circonstance, car Louis XVI avait rétabli quelques années aupara¬ vant les Parlements, supprimés par Louis XV, et il semblait de bonne politique, dans un temps déjà troublé, d’exalter leur fidélité dans le passé ou de flétrir les émeutes. Le tableau fut très loué. Fierté du des¬ sin et du coloris, beauté d’exécution, chaleur d’àme, ces termes reviennent . sans cesse dans les comptes i^endus. Ils étonnent, quand on voit le Molé. Au Salon de 1781, Vincent de¬ vança de plus de quinze ans David, en exposant Le combat des Sabins et des Romains interrompu par les femmes sabines1. Diderot écrivait : « Il est dans le ton du sujet; les figures sont bien dessinées, les draperies bien jetées, de beaux plis touchés avec finesse et sentiment ; mais il est faible de couleur, il papillottc... Point d’effet, une manière de faire sèche, mais du sentiment partout. » Puis Diderot, s’appropriant les critiques d’un salonnier, l’auteur du Pourquoi, reprochait assez étrangement à Vin¬ cent d’avoir fait ses femmes trop jo¬ lies, sous le prétexte qu’il « faut an¬ noncer la force de l’àme par celle du physique ». En 1783, Le Paralytique guéri eut un grand succès : « M. Vincent et M. David peuvent être regardés comme ayant pro¬ duit les deux chefs-d’œuvre du salon », écrivait un critique. Pourtant, malgré ces succès répétés, Vincent, qui avait été agréé à l’Académie dès 1777, ne devint académicien qu’en 1782, et adjoint à professeur qu’en 1785. Mais l’atelier particulier qu’il avait ouvert attirait la plupart des jeunes gens de valeur : Pajou fils, Meynier, PORTRAIT DU S I G N 0 R GARBI DESSIN AU CRAYON, PAR VINCENT 1.\tMusée d’Angers.