LES TAPISSERIES DE MALTE 301 mers, et transformé par les vicissitudes de l’histoire en une forte¬ resse anglaise presque inexpugnable, nous rencontrons un souvenir de plus de la France d’autrefois venant s’ajouter à tous ceux qui frappent à chaque instant les yeux eu ce coin de terre. Les tentures du palais, non plus que celles de la cathédrale, n’ont pas été étudiées jusqu’ici comme elles le méritaient. Nous allons essayer de combler cette lacune. Peut-être les pages suivantes don¬ neront-elles à quelque amateur fervent de l’art d’autrefois l’envie de consacrer quelques journées à la visite de celte île si pittoresque. Je crois qu’il ne regretterait pas son voyage. 1 Résumer ici, même sommairement, l'histoire des chevaliers au cours des xvne et xvmc siècles, serait une tâche inutile et tout à fait étrangère à l’objet de ce travail. Nous ne nous arrêterons pas davan¬ tage aux œuvres d’art de diverse nature, aux objets rares que les siècles passés ont accumules dans l’église et dans le palais. L’étude des tapisseries nous occupera exclusivement. On commencera par celles de la cathédrale. . Gomme l’a dit l’écrivain dont nous citions tout à l’heure les ap¬ préciations, ces tapisseries ne sont exposées qu’à l’occasion des grandes fêtes, ce qui explique leur remarquable état de conservation. C’est d’ailleurs un usage fréquent dans nos églises de France possé¬ dant de riches tentures de les ménager ainsi. Pendant la mauvaise saison et en temps ordinaire, ces décorations somptueuses sont soi¬ gneusement pliées dans les armoires des sacristies et protégées ainsi une partie de l’année. On ne les montre qu’au moment des solennités religieuses; aussi, le voyageur arrivant inopinément dans une ville, sans avoir pris la précaution de se renseigner à l’avance, se trouve-t-il parfois exposé à un déplacement inutile. Cela nous est arrivé à nous-même, à Malte comme ailleurs. Nous ne saurions donc trop recommander aux touristes désireux de voir les édifices de Malte revêtus de tous leurs ornements de bien choisir leur temps et de faire coïncider leur séjour avec les fêtes de l’Eglise. Ils seront bien payés de leur prévoyance, car la cathédrale de La Valette, l’église San Giovanni, revêtue des tentures qui recouvrent entièrement ses murailles, de la porte d’entrée à l’extré¬ mité du chœur, offre un spectacle tel que nous n’en avons vu de pareil nulle part ailleurs.
