Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/35

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LES SALONS DE 1904 34 sance sur tous les tons jaunes variés des citrons et du broc de cuivre qui renferme la boisson. Tout ici est joie et volupté. Voici, au contraire, de sombres images. Dans une toile bien composée et largement exécutée, M. Gourdault nous convie à regar¬ der un Campement dans la montagne, la nuit, en Provence. C’est partout, dans les ombres de la nuit, des voitures dételées pêle-mêle et des harnachements posés à terre. Seule, au fond du tableau, une petite lumière brille. Au premier plan, deux chevaux font paraître la tache de leurs corps blancs; la journée a du être accablante; ils dorment debout, déte¬ lés et attachés très long à une charrette. Une immense lassi¬ tude pèse sur tout cet amas en désordre, et la nuit ajoute encore à cette impression. M. Ad 1er, qui s’est fait le poète puissant •et attendri des travail¬ leurs, nous émeut cette année avec des Haleurs. Sur le bord du canal, ils sont sept ou huit à tirer péniblement un bateau qu’on ne voit pas. Le soir est déjà venu, et la brume qui a coutume de flotter autour des rivières les enveloppe tout entiers. M. Adler excelle à exprimer ici la dureté de l’effort, non point la joie spontanée qui accompagne l’activité, mais la tristesse du labeur violent et sans répit. Avec M. Hoffbauer, c’est le spectacle de la défaite. M. Hoff- bauer aime les pages dramatiques. Sa facture un peu âpre, ses colorations tranchées, qui découpent les objets, contribuent à rendre ses visions tragiques. Son Coin de bataille a de l’ampleur. Au premier plan, un cavalier tué et resté en selle sur son cheval AGÜADOIIA (SÉ VILLE), PAU M. JIEtSUI 7.0 (Société des Artistes français.)