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304 GAZETTE DES BEAUX-ARTS II i Arrivons maintenant aux tentures de l'église Saint-Jean. Leur donateur a pris le soin de consigner dans une inscription encore existante sur une des tapisseries, la date de leur exécution. 11 était grand-maître depuis un an à peine quand il les commanda, car l'inscription en fixe la fabrication à l’année 1700. Elles auraient ainsi précédé de plusieurs années la suite commandée à la manufacture des Gobelins pour la salle du conseil de l’Ordre. La tenture de l’église devait trouver place sur les murs de la nef principale au-dessus des passages faisant communiquer le vaisseau central avec les cha¬ pelles latérales, de manière à couvrir entièrement l’espace compris entre les arcades et lès fenêtres. La suite partait de la porte d’ëntrée et se prolongeait jusqu’au fond du chœur, sans aucun intervalle vide. Il existe, à notre connais¬ sance, peu d’ensembles de cette importance. Et, de fait, quand l’église est revêtue de sa riche parure, cette décoration a fort belle appa¬ rence. Il n’a pas fallu moins de vingt-sept panneaux pour couvrir le pourtour de la nef. Comme la majeure partie des pièces a de. 7 à 8 mètres de large sur une hauteur de 4m50 environ, le tout atteint des proportions tout à fait extraordinaires, soit de 180 à 150 mètres de cours et plus de 500 mètres carrés. Un pareil travail a rarement été entrepris à quelque époque que ce soit, et il doit d’autant plus étonner que, lors de son exécution, les célèbres ateliers dé Bruxelles, chargés de cette commande, se trouvaient en pleine décadence. C’est un tour de force de l’avoir conduit à bonne fin en un petit nombre d’années, et le tapissier qui l’a entrepris et signé a laissé là une œuvre capitale. Nous présenterons d’abord une description détaillée de l’ensemble pour nous arrêter ensuite à certains points particuliers. En tout, la tenture, avons-nous dit, compte vingt-sept pièces ; elles se divisent en deux séries bien distinctes : les sujets du Nouveau Testament au nombre de huit, et six sujets allégoriques, avec un grand nombre de figures, soit quatorze compositions en largeur; puis, douze bandes plus étroites, d’un mètre et demi ou deux mètres de large au plus, destinées à trouver place entre les précédentes, en s’appliquant sur les piliers séparant les arcades qui, elles, sont gar¬